Luc Fouché, Les délires en psychiatrie et en psychanalyse Conférence 4

Luc furneige, les illusions en psychiatrie et psychanalyse, conférence 4EPS psychanalytical Knowledge School Seminar notes de cours sur l’un des sujets du cours, illusions en psychiatrie et psychanalyse. Cet article est le point 4. Conférencier: Luc furneige, psychiatre, psychanalyste, Directeur du Département de psychanalyse de l’hôpital Sainte – Anne à Paris. Illusions en psychiatrie et […]

Luc furneige, les illusions en psychiatrie et psychanalyse, conférence 4EPS psychanalytical Knowledge School Seminar notes de cours sur l’un des sujets du cours, illusions en psychiatrie et psychanalyse. Cet article est le point 4.
Conférencier: Luc furneige, psychiatre, psychanalyste, Directeur du Département de psychanalyse de l’hôpital Sainte – Anne à Paris.
Illusions en psychiatrie et psychanalyse talk 4
Traducteur: Xu yaguan
Bonjour à tous, la dernière fois que nous avons discuté de la question des additions et des sacrements, nous avons illustré, à travers un cas clinique, ce que nous, psychanalystes, pouvons faire dans le processus de manipulation du transfert de sujets délirants. Aujourd’hui, je vous invite à réfléchir sur le cas d’une autre patiente qui nous montrera comment, à travers son travail littéraire et pictural, trouver une réponse à sa psychose. Toutes les œuvres littéraires ne sont pas tant des actes de fiction, de construction ou de narration, mais plutôt des certificats de survie, plongés à tout prix dans la quête sans fin de l’écriture, parfois même totalement indifférents à la cohérence, au sens et à la lisibilité du texte. Cependant, c’est grâce à cette écriture que ma patiente, Mme blanche, est devenue non seulement une écrivaine et une artiste, mais qu’elle a inventé une réponse unique qui l’a sauvée de l’effondrement dépressif au cours des deux dernières décennies. Même pendant ce temps, une fois que sa psychose a commencé, elle a maintenu un certain degré de stabilité grâce à cette écriture qui ressemble moins à la création de la pensée qu’à l’exécution de l’action. J’essaierai donc de saisir les points cliniques de ce cas à travers l’utilisation de l’écriture par Mme blanche, qui est si étroitement liée à sa vie qu’elle est difficile à distinguer. Quel rôle la création littéraire et picturale a – t – elle joué pour Mme blanche? Par quels mécanismes cette création littéraire et picturale a – t – elle permis à Mme blanche de prévenir et de stabiliser son trouble bipolaire en quarante ans? L’écriture et l’art de Mme blanche constituent – ils une tentative de guérison constamment renouvelée pour faire face aux excès et à la confusion causés par l’hédonisme débridé? Il ne fait aucun doute que les écrits de Mme blanche tombent dans la catégorie des compensations, des additions et parfois des sacrements qui masquent la Division du nom du père.

Je vais donc tenter de tracer la ligne spirituelle et artistique que Mme Blanche a suivie depuis l’écriture de son premier livre jusqu’à la fin de sa thérapie.

1. Un parcours littéraire, artistique et psychique

Mme blanche est une écrivaine et artiste de 78 ans, particulièrement connue dans les années 1980. Récipiendaire de l’ordre des arts et des lettres de France, Mme Blanche a publié plus de trente livres au cours des quarante dernières années, dont plusieurs ont été adaptés au théâtre et à la radio. Bien que méconnue du grand public, son travail pictural et iconographique a néanmoins donné lieu à de nombreuses expositions individuelles et collectives.

Mme Blanche a soudainement commencé à se lancer dans la littérature à l’âge de 35 ans. Docteure en géographie et professeure, Mme Blanche a travaillé comme enseignante. Quand un célèbre devin lui a dit: « maintenant, vous allez devenir écrivain. Vous allez écrire 14 livres et épouser un artiste de cinéma. » son psychanalyste l’a encouragée à écouter ses vrais désirs, alors elle a suivi les instructions du devin sans résistance. Bien qu’elle n’ait eu aucune ambition littéraire auparavant, elle a immédiatement abandonné sa carrière au Ministère de l’Éducation nationale et, sans même retourner au Bureau pour récupérer ses effets personnels, est immédiatement rentrée chez elle pour écrire son premier livre.

Tout en écrivant son premier livre, Mme blanche est également devenue une divinatrice. En fait, en raison de la découverte que Mme blanche possédait un talent psychique rare, le devin lui a enseigné l’utilisation du Tarot et aurait référé les conseils de divination à Mme blanche lorsqu’elle était en congé. Au cours de la décennie suivante, Mme Blanche a continué cette pratique de la divination tout en écrivant. Elle ne doutait pas qu’elle possédait un talent divinatoire par excellence: « pour écrire, il fallait avoir ce talent. » au cours des discussions, Mme blanche m’aurait même montré son art psychique en prophétisant mon avenir.

C’est à la fin de l’écriture de son premier livre, aidée par un phénomène de révélation illusoire, que Mme blanche se lance soudain dans une activité picturale.

Mme blanche, invitée par ses collègues devins à participer à l’exposition d’Augustin lesargé, a été entièrement subjuguée par le parcours étonnant de l’artiste. En effet, le destin légendaire d’Augustin lesargé semble refléter en tout point celui de Madame blanche. Tout comme Mme blanche, qui écrivait depuis l’âge de 35 ans sans aucune formation littéraire, cet humble mineur, sans aucune formation artistique, a commencé à peindre à l’âge de 35 ans lorsqu’il a entendu une voix du fond de la mine lui dire: « un jour, tu seras peintre! ». C’est donc par cette identification miroir à Augustin lesargé, également sans aucune connaissance picturale, que Mme blanche commence sa pratique du dessin et de la gouache, où la peinture remplace son écriture chaque fois que l’écriture rencontre des difficultés. En effet, immédiatement après avoir vu l’exposition, Mme blanche rentra chez elle et commença à travailler sur ses premières toiles. Le titre de son premier tableau est révélateur: Water to the way, tiré d’un vers de Victor Hugo.

Elle ne peint pas seulement, elle crée également des œuvres d’écriture uniques. Ces manuscrits exotiques ont été créés une fois qu’elle s’est sentie perdue dans l’écriture, et Mme blanche les a appelés « notes d’écriture». Ce sont des bandes sur lesquelles Mme blanche déploie, en minuscules caractères, une longue liste ininterrompue de mots, tous entassés, sans espaces entre eux, sans interligne, sans ponctuation. Et les notes d’écriture de Mme blanche, un tel amas de mots agglutinés et illisibles, se sont glissées dans les rangs des œuvres d’art.

C’est au cours de la première exposition des notes écrites que Mme Blanche a rencontré le Président de la République de l’époque, venu admirer ces étranges œuvres que lui ont adressées ses conseillers. À la fin de leur conversation, Mme blanche invita brusquement et hardiment cet homme remarquable à poser, comme le modèle l’avait fait devant le peintre, tandis qu’elle faisait taire le portrait du Président par l’écriture. Le Président a accepté cette demande initiale et un total de sept « pourparlers sur la posture présidentielle» ont duré deux ans et demi, aboutissant à la publication d’un nouveau livre. Cette distinction du Président ouvrira toutes les portes à Mme blanche pour les années à venir, lui assurant non seulement une réputation durable, mais également une restauration de son narcissisme.

2 famille et mariage

Cette figure paternelle majestueuse mais cordiale incarnée par le Président de la République contraste fortement avec la figure paternelle silencieuse et rigide présentée dans les œuvres de Mme blanche. Le père de Mme blanche, grand héros de la résistance et récipiendaire d’une douzaine de médailles pour sa bravoure et son intrépidité pendant la Seconde Guerre mondiale et son adhésion à la résistance de la France libre, Mme Blanche a souvent décrit son père comme un homme aliéné, intériorisé et taciturne. La mère était enceinte de son père quand il est allé à la guerre, et le père a toujours pu inspirer une certaine peur à Mme blanche. Dans ses livres, le gouffre qui la sépare de ce père aliéné est souvent étiqueté comme un article indéfini placé devant le père, contre lequel le Seigneur placé devant la mère a l’adjectif: « Je viens du pays de ma mère, du pays de son corps, de sa voix… je viens d’un pays où mon père est allé à La guerre. »

D’autre part, Mme blanche se souvient de l’interpénétration totale qu’elle a vécue avec sa mère alors qu’elle était enceinte de neuf mois et que son père était encore au front: « pendant un an, j’ai vécu seule avec ma mère. Nous deux, pendant un an. Pouvez – vous imaginer à quoi devrait ressembler l’amour? ». « il y a des tantes, peut – être ma grand – mère, etc., mais le père n’est pas là, et elle, elle doit m’aimer beaucoup. » ce lien intime et brûlant avec la mère est rappelé par le retour de la mélodie principale qui hante chaque livre: les chansons d’amour que sa mère écoutait, jouait du piano et fredonnait pendant sa grossesse et qui, tout au long de leur vie, sont devenues emblématiques de la fusion originale.

Si le père revient de la guerre, autant il a rompu cette symbiose, il ne peut pas non plus remplir son rôle de tiers séparateur pour la mère et la fille. Comme Mme blanche l’a écrit: « le temps dans le ventre d’une mère peut durer indéfiniment. »

Mme Blanche a fourni très peu d’informations sur son enfance.

Elle est surprise: « quand on me dit de parler de mon enfance, je n’ai rien à dire. » même si elle se demande « d’où vient ce voile noir qui enveloppe son enfance », elle rencontre toujours un tabou absolu: « Il est difficile de penser à l’enfance ou à la petite enfance, je suis confrontée à Une interdiction ». Elle a mentionné dans une seule consultation que ses parents se disputaient souvent et qu’elle avait hérité d’un « Karma douloureux» de ses parents, en particulier de sa mère. Les relations de blanche avec ses deux frères et une sœur semblent tout aussi conflictuelles.

Comme dans son enfance et son adolescence, Mme blanche n’a jamais mentionné sa vie d’adulte avant de devenir écrivain, à l’exception d’une brève mention de son adhésion et de sa participation active au mouvement de libération des femmes (MLF), dont elle a été une figure importante. Elle a également révélé que, bien qu’elle ait été enceinte à deux reprises, elle avait fait une fausse couche parce que « la bonne personne n’a pas été trouvée». Elle a dit qu’elle a connu son mari « trop tard», quand elle avait 35 ans et qu’ils étaient « tous occupés à créer». Sa thérapie psychanalytique de 20 ans a été « un succès total», dit – elle, car c’est cette thérapie qui lui a permis d’établir une « relation stable et durable» avec son mari, qu’elle a rencontré peu de temps après avoir commencé à écrire son premier livre. S’il est vraiment un artiste de cinéma comme les devins l’avaient prédit, ce qui a fasciné Mme blanche, c’est que l’acronyme du nom de son mari et « l’acronyme de la mère est le même »: « J’ai épousé un homme avec l’acronyme de ma mère. J’ai épousé ma mère. »

3 histoire médicale

L’année où Mme Blanche avait 54 ans, la mort de sa mère bien – aimée l’a plongée dans un abîme de chagrin: « depuis son absence, mon cœur est confus et je dis souvent la mauvaise chose (traduction littérale: la langue est aussi Fourchue) ». « sans notre mère, notre apparence semblait déchirée. J’étais déchirée. » Un an après la mort de sa mère, une grave hémorragie cérébrale a plongé Mme blanche dans le coma. Au réveil de son coma, ses épisodes psychotiques de type maniaco – dépressif se sont manifestés par de nombreux épisodes maniaques aigus et de nombreux épisodes mélancoliques accompagnés de pensées suicidaires. Elle a dû être hospitalisée à plusieurs reprises, au cours de laquelle elle a prononcé beaucoup de mots délirants, le sujet entourant la pourriture des organes internes, se plaignant sans cesse de ses intestins « bouchés», « morts», « comme s’il y avait un trou au milieu de son ventre». Bien que les périodes de stabilité émotionnelle soient entrecoupées de phases d’hypomanie, le côté mélancolique est plus ou moins toujours présent et accompagné d’une anxiété intense, surtout dans les moments où il n’y a pas de création.

La mort de son père à l’âge de 67 ans a plutôt plongé Mme blanche dans une crise maniaque, au cours de laquelle elle a dilapidé l’héritage de son père en construisant une propriété de luxe surplombant la mer / mère (mer (e)) sur une petite île de la Méditerranée.

Après plus d’une Décennie de suivi psychiatrique dans un hôpital parisien, au cours d’un épisode maniaque il y a dix ans, Mme blanche s’est disputée avec son psychiatre et, sur recommandation de son éditeur, elle est venue me voir à l’unité d’hospitalisation psychanalytique.

Année après année, elle présente des phases mélancoliques, des moments d’hypomanie et des épisodes répétés de migraines. Elle a également développé une détérioration progressive des troubles de la marche, qui semble être liée à plusieurs facteurs. S’ils sont causés par des effets secondaires d’un AVC ainsi que par des médicaments antipsychotiques, ils semblent également fluctuer avec l’humeur. Parfois, Mme blanche peut se déplacer facilement avec l’aide des bras ou des béquilles de son mari, tandis que d’autres fois, elle a besoin d’une marchette ou d’un fauteuil roulant. Bien qu’associés à ses changements d’humeur, ces troubles de la marche se sont récemment aggravés après une fracture du col du fémur. Alors que la capacité de Mme blanche à prendre soin d’elle – même devient de plus en plus précaire, les infirmières vont maintenant chez elle pour l’aider à se laver, à s’habiller et à prendre soin de son corps. Le retour à l’état de dépendance de l’enfance n’a pas manqué d’apporter des gains secondaires à Mme blanche, comme elle l’avouera avec ces mots: « la douche, pour moi, a été un grand moment de bonheur. Elle m’a donné un bain et tout cela m’a plu ».

Mme blanche ne pouvait s’allonger que sur son lit ou dans un fauteuil et dépendait entièrement de l’aide de son mari, lui aussi âgé. Le mari de Mme Blanche a pris soin de sa femme avec le plus grand soin, assurant leur vie quotidienne avec une attention maternelle, préparant les repas quotidiens, accompagnant sa femme à l’extérieur et ses médicaments, et baignant sa femme en l’absence de l’infirmière. Ce que Mme blanche aimait le plus, c’était de « redevenir petite », de laisser son mari s’habiller et se déshabiller, souvent en confondant son mari avec sa mère, « et d’être avec lui comme dans le ventre de sa mère ». Dans l’un de ses livres, elle écrit même: « Il est ma mère », parfois sans hésiter à l’appeler « maman », et nous pouvons voir « la fusion des deux ».

Récemment, cependant, l’incapacité et la dépendance totale de Mme blanche à l’égard de ses actions croissantes ont été un test sérieux pour son mari, d’autant plus que Mme blanche était souvent exigeante, voire difficile, en rejetant les plats simples que son mari lui avait cuisinés, en demandant des légumes difficiles à acheter ou des plats plus élaborés. Bien qu’elle ait dit qu’elle était parfaitement consciente que ses actions ne pouvaient pas être un esclavage quotidien pour son mari, Mme blanche n’a pas cessé de demander. Comme l’explique son mari, lorsque Mme blanche est capable de commencer à écrire ou à peindre, elle est complètement immergée dans son travail « Alors, vous n’existez plus! » et, d’autre part, lorsqu’elle ne retrouve pas sa passion pour la création, Mme blanche est très anxieuse quant à l’attention qu’elle demande à son mari à chaque instant, sans lui donner de répit: « dans dix minutes, je vais l’appeler. Je ne lui laisse pas de temps. Je le tue avec un couteau émoussé. »

Ainsi, lorsqu’il s’est joint, comme d’habitude, à la deuxième partie de la conversation pour nous parler des sautes d’humeur de sa femme afin d’ajuster son traitement médicamenteux, le mari de Mme blanche l’a souvent attaqué agressivement par sa femme, alors qu’il parlait avec tendresse ou admiration.

Bien qu’il soit lui – même écrivain et artiste de cinéma, le mari de Mme Blanche a certainement déversé une admiration sans réserve pour sa femme. Son influence littéraire et artistique semble avoir grandement satisfait son narcissisme, car il ne laisse jamais passer l’occasion de souligner le respect et la réputation dont jouit sa femme. Comme Mme blanche me l’a dit un jour, ce n’est pas tant une grande histoire d’amour qu’une « grande histoire d’admiration ». Pourtant, le mari de Mme blanche, qui lutte depuis quelque temps entre l’épuisement, l’irritabilité et la culpabilité, se demande souvent jusqu’où vont les soins à domicile de sa femme et se plaint de plus en plus du lourd fardeau de cette dépendance dont il ne veut pas se débarrasser pour autre chose, comme il me l’avoue lui – même: « dès le début, j’ai toujours su que j’avais besoin d’elle plus qu’elle n’avait besoin de moi. Bref, c’est ça. Moi – même, un peu comme elle au début. Si nous menons nos vies comme nous le faisons, c’est aussi que nous sommes un peu marginaux, hein. »

Sa réputation et sa créativité littéraire s’affaiblissent avec la maladie, et je, en tant que thérapeute, apprécierai son travail sans condition, et je suis le dépositaire des premières ébauches de ses œuvres futures, remplissant le rôle d’un environnement suffisamment bon et accueillant. Loin de refuser d’être le lieu de dépôt de cette partie de l’esprit qui attend d’être façonnée, je l’encourage à me présenter régulièrement ces matières premières pour qu’elle ose écrire ce qui lui vient à l’esprit et l’accompagne pas à pas dans l’écriture de ses quatre derniers livres.

En effet, c’est dans la zone d’accueil non façonnée de son écriture que j’ai mis en place une forme d’écriture qui s’est progressivement présentée chez Mme blanche. Dire que je suis « la seule et la première personne qui aime son travail », comme elle l’avoue avec gratitude, la guide « pas à pas vers ce qui est inhibé chez elle », tout en « laissant libre cours à sa parole sans l’éteindre, sans la forcer à prendre un autre chemin ».

Elle a également dit que j’étais « la motivation qui la faisait avancer et vivre ». Ce n’est que dans le sentiment rassurant de sécurité offert par cet environnement favorable que les œuvres inachevées peuvent être expérimentées comme un terreau fertile.

Pour illustrer comment faciliter son retour à l’écriture, je vais vous décrire ce segment clinique:

Lorsque Mme Blanche a proposé qu’elle devrait sans doute trouver l’inspiration pour son prochain livre dans le judaïsme traditionnel de sa famille, j’ai immédiatement soutenu son idée originale et j’ai proposé de lui prêter l’œuvre d’une rabbine, Delphine horvilleur, femmes, honte et judaïsme, dans le but de l’aider à retourner au travail et à écrire. Bien que le fait de lui prêter le livre l’ait laissée réfléchir pendant un certain temps, Mme blanche n’a pas trouvé l’émergence de la créativité qu’elle espérait. Elle m’a rendu le livre la prochaine fois qu’elle a parlé, insistant pour que je lui prête un autre livre. Le second livre du même auteur devient ainsi « l’objet de la communication ». En tant que mon Représentant à ses côtés, l’objet de la communication permettra à la patiente de continuer à fonctionner mentalement dans l’attente de la prochaine conversation, à la fois en la maintenant en contact avec moi et en maintenant un dialogue interne entre les deux. C’est ainsi qu’après 40 ans de carrière et malgré des handicaps physiques et neurologiques croissants, elle est sur le point de publier un livre récent.

Pour Mme blanche, l’écriture est essentielle, pour laquelle elle a exprimé clairement que c’est précisément l’action d’écrire dans laquelle elle s’engage, « il n’est pas nécessaire de chercher autre chose que cette action, elles sont toutes les mêmes », « cette action ne peut être interrompue », « elle ne finit pas, elle ne doit pas finir ».

Quelques notes sur ce cas:

Alors que la motivation première de la plupart des œuvres est de comprendre la vérité de l’existence humaine ou de saisir le monde, la seule nécessité de certaines pratiques d’écriture semble être la confusion, la dispersion ou l’amorphe qui façonne l’auteur lui – même. Est un remède à la fragmentation mentale et même physique dans le processus psychotique. C’est le cas de cette patiente, qui n’a toujours écrit qu’à la manière d’un roman autobiographique, parlant essentiellement d’elle – même à travers ses personnages.

C’est le cas de son premier livre qui, pour citer antonan Aalto, tente de « remodeler le corps avec les os de la musique soul ». Plongeant morbidement dans le monde intérieur d’un « employé de bureau médiocre », le premier « Roman » présente l’inévitable désintégration mentale qui envahit la femme chaque fois que la nuit tombe, présentant devant ses yeux toutes sortes d’illusions et d’illusions dans lesquelles apparaissent toutes sortes de visions cauchemardesques. Ou, comme Mme blanche l’a résumé plus mystérieusement, l’histoire est celle d’une nuit où la femme a été enfermée dans son appartement « où elle a fait l’expérience de ce qu’elle avait imaginé aux yeux et s’est finalement effondrée ». Ce qui est magique, c’est que cette description est finalement devenue son expérience, car elle – même est devenue progressivement paralysée et ne pouvait pas bouger.

Ainsi, Lacan note que c’est au moment où la psychose peut se développer que l’auteur acquiert la source profonde de son travail.

La clé de l’approche lacanienne dans le traitement de la psychose réside donc dans la capacité du sujet à inventer un ou plusieurs ajouts qui peuvent répondre au retour réel en limitant et en localisant les plaisirs qui ne sont pas ancrés par le signifiant nom du père dans un endroit particulier. La création littéraire a donc pour fonction de limiter l’hédonisme en le plaçant sur le papier, en le marquant par l’usage de mots ou de mots, et en le vidant par la publication d’œuvres (maleval, 2000). En désinstallant les plaisirs excessifs du corps et en découvrant un nouveau signifiant qui n’appartient qu’au sujet et qui a un rôle identificateur – auquel il peut s’identifier ou par lequel il peut être identifié par le grand autre. Les ajouts apportés par la création littéraire introduisent non seulement le sujet dans l’ordre symbolique, mais le placent également dans le domaine de la réalité sociale.

De son côté, l’ajout à la création d’images « n’utilise pas de symboles, mais agit de manière concrète sur des réalités hédoniques qui ne sont pas ancrées dans le langage » (Soler, 2002). La peinture n’utilise pas la subtilité des mots, mais produit un nouvel objet dans lequel le plaisir est tellement transformé qu’il ne sera pas seulement accepté, mais acclamé par l’autre.

Il est certain que la production littéraire et picturale de Mme Blanche a été pendant vingt ans un rempart contre la psychose, tout en assurant son intégration sociale grâce à la reconnaissance littéraire et artistique dont elle a bénéficié. Ainsi, s’enraciner dans l’art et la littérature a une valeur structurée. Cependant, si ses écrits et son art lui ont permis de façonner un corps et un nom, ils n’ont pas sauvé Mme blanche de la dépression nerveuse. En ce sens, l’écriture et l’art de Mme blanche ne jouent pas un rôle sacramentel, mais un rôle additif. Ce qui est en jeu, c’est l’addition dans le contexte de l’excommunication du nom du père, révélée par le fait que les premiers écrits et dessins de Mme blanche ont été produits grâce aux instructions et aux révélations des devins et n’ont pas été influencés par la construction d’illusions. Tant que Mme blanche n’aura pas rencontré de réalité qui la déstabiliserait, les ajouts qu’elle s’est construits continueront à fonctionner pour maintenir la psychose à faible bruit, mais plutôt la mort de sa mère et l’effusion soudaine de sang dans le cerveau qui ont fait exploser « la tentation de la psychose » (Abensour, 2008). Si, au cours des vingt premières années, Mme Blanche a reçu le soutien de ses psychanalystes et de ses devins, même ou indirectement du Président, pour mener à bien sa création littéraire, si elle a ouvert sa création picturale en s’identifiant au destin singulier d’augustin Lesage, c’est par son transfert à moi en tant qu’analyste que Mme blanche a poursuivi son activité créatrice au cours des dix dernières années. En effet, c’est en s’identifiant au signifiant idéal porté par son psychiatre – psychanalyste que le talent de blanchiff a pu sortir plusieurs fois de son état mélancolique. Ainsi, lorsque son enthousiasme littéraire s’est tari, c’est précisément à partir du soutien que je lui ai apporté par un seul mot que je lui ai écrit que Mme Blanche a trouvé son inspiration. Par exemple, le bref commentaire que j’ai fait sur la nécessité de s’arrêter et de se reposer dans tout travail créatif a non seulement permis à Mme blanche de « trouver des mots pour exprimer » ses moments de pause dans son travail de peinture, mais aussi de repenser des moments similaires dans le processus d’écriture. Mon soutien indéfectible, que je « répondrai toujours, même le dimanche », à son message douloureux et à son désir de se suicider, montre, comme elle l’a heureusement souligné dans son dernier livre, que la présence réelle de l’autre grand, en particulier du thérapeute, est indispensable pour le sujet psychiatrique, car sa parole commente nécessairement et soutient la position du sujet dans le miroir, comme une réalité permanente de la phase du miroir, que mon absence pendant les vacances a un impact direct et que plusieurs fois la mélancolie réapparaît. L’art de Mme blanche peut donc être considéré comme un mode d’addition unique qu’elle a inventé pour prévenir les épisodes psychotiques et stabiliser leur état après un épisode psychotique maniaco – dépressif. En plus des ajouts apportés par la création, il convient d’ajouter des ajouts imaginaires à l’altérité idéale, qu’elle soit interstitielle ou continue, incarnés à l’image d’un psychiatre et d’un psychanalyste, pour compenser l’échec à court terme de ses propres ajouts.

Pour conclure, je citerai à nouveau cette phrase comme conclusion: « Nous savons bien que parfois le voile qui recouvre la parole peut être déchiré pour développer une autre connaissance, une non – connaissance, une connaissance absolue ».

C’est une phrase pour les psychanalystes.